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Un révélateur « fait maison » (1/1) Un révélateur « fait maison » (par nicofuzz).
Introduction
Dans cet article, je vous propose de fabriquer votre propre révélateur à partir de produits facilement disponibles dans les supermarchés. Pour cela, j’analyserai dans un premier temps la composition d’un révélateur connu pour donner de très bons résultats tout en étant « écologique » (le Neutol Plus d’Agfa) et déterminerai le rôle de chacune des molécules qui le constituent. Puis, je décrirai succinctement les réactions chimiques qui ont lieu lors du développement de photographies puis je présenterai une séries d’expériences permettant de préparer une solution pouvant jouer le rôle de révélateur. Je finirai cet article par une petite démonstration, où le révélateur préparé est utilisé pour développer une photo.
ATTENTION : Les produits chimiques utilisés peuvent s’avérer très dangereux si ils sont mal manipulés. En particulier la soude caustique est corrosive et peut provoquer des brûlures sur la peau. En cas de contact avec la peau, rincer sous l’eau courante pendant 10 minutes la partie du corps exposée. Si une grande zone a été touchée, une douche complète est nécessaire.
Matériel et produits nécessaires :
D’après l’étiquette, le « Neutol Plus » est composé de diethylène glycol, d’acide isoascorbique, de NTA trisodium et carbonate de potassium. J’ai pu retrouver leurs structures chimiques grâce aux numéros CAS indiqué par Agfa. Seul le « 6381-77-7 » demeura introuvable, mais le nom « Isoascorbic acid » correspond à un isomère de l’acide L-ascorbique (molécules ayant des structures voisines).
L’agent principal est l’acide ascorbique (vitamine C). C’est lui qui va réagir avec les sels d’argent lors du développement. S’agissant d’un acide, il peut se déprotonner (perdre des protons H+) en présence d’une base. Le carbonate de potassium et le « NTA » sont des bases, elles vont donc assurer un milieu favorable à la réaction (pH basique ; supérieur à 7). Le Diethylène glycol est connu comme servant de « support » à l’acide ascorbique. Selon moi, cela signifie que ce composé permet d’éviter la dénaturation de l’acide ascorbique lorsqu’il est en solution.
L’analyse des espèces chimiques présente dans le « Neutol plus » montre qu’il suffit à priori d’avoir une solution basique d’acide ascorbique pour que celui ci agisse comme révélateur. Néanmoins, deux paramètres restent inconnus : la concentration de l’acide ascorbique et le pH.
Pour essayer de déterminer ces deux paramètres je me suis basé sur une solution de « Neutol plus » à la dilution 1+4 (solution de référence). Puis, j’ai préparé plusieurs solutions d’acide ascorbique à partir de comprimés de « Juvamine vitamine C + Calcium ». Ces comprimés contiennent l’espèce « acide » de l’acide ascorbique, j’ai donc utilisé de la soude (NaOH ; base forte) pour modifier le pH et ainsi déprotonner l’acide :
Déprotonnation de l’acide ascorbique par une base
J’ai réalisé 5 solutions, répertoriées dans le tableaux suivant :
Vue globale. De gauche à droite les solutions A1 (jaune orange), B1, B2 et B3 (rouge).
Lors de l’ajout de la soude (solution B1 à B3), la solution passe de l’orange (fluo) au rouge (orange sanguine). De plus, les solutions deviennent troubles car un solide se forme. Il s’agit du calcium présent dans les comprimés qui réagit avec la soude pour donner de l’hydroxyde de calcium (un solide blanc qui précipite). Il faut donc laisser décanter les solutions puis les filtrer à l’aide d’un entonnoir et d’un filtre à café par exemple.
- Mesure du pH
La mesure du pH de chacune des solutions donne :
Le « Neutol plus » (1+4) (solution A1) a un pH voisin de 9. Il s’agit donc d’un pH relativement basique. La solution B0 contenant 1 comprimé de Juvamine dissout dans 100 mL d’eau a un pH acide (pH = 4). Il faut donc ajouter une base (soude) jusqu’à obtenir un pH avoisinant celui du « Neutol plus ». Mes tests ont montré que 5 mL de soude par comprimé permettait d’obtenir une valeur de pH satisfaisante (voir tableau).
– Détermination de la concentration en acide ascorbique.
Ne possédant aucun matériel de laboratoire sophistiqué, j’ai cherché à déterminer la concentration approximative d’acide ascorbique contenue dans le « neutol plus » de manière très empirique : les lois de la cinétique chimique indiquent que la vitesse d’une réaction est fonction de la concentration des réactifs. J’ai donc plongé une bande de papier photo (RC Tetenal exposé à la lumière du jour) 20 secondes dans le « Neutol plus » (solution A1). Ces 20 secondes correspondent au temps nécessaire pour obtenir un noir profond. Et, j’ai fais de même avec les solutions B1, B2 et B3.
Résultats des tests en image. De gauche à droite les solutions A1, B1, B2 et B3 (ligne 1). En dessous : les bandelettes de papier pH (ligne 2) et les morceaux de papier photos plongés dans les solutions pendant 20 s (ligne 3), 40 s (ligne 4) et 5 min (ligne 5).
Les résultats montrent que les solutions B1 et B2 ne permettent pas d’obtenir de noir dans un temps comparable au cas de référence (20 secondes ; solution de « Neutol plus » A1). La solution B3 permet d’obtenir un noir comparable à la référence après 40 secondes de réaction. On peut donc estimer que la concentration d’acide ascorbique de la solution B3 est relativement voisine à celle du « Neutol plus ». On pourra considérer que l’on s’approche plus d’une dilution 1+9 que d’une dilution 1+4, et l’on adaptera le temps lors du développement en conséquence. Cette petite expérience ne permet évidemment pas d’obtenir des valeurs précises de concentration, néanmoins nous pouvons considérer que l’on est dans les bons ordres de grandeur.
Afin de tester la solution-juvamine pour le développement de photos, j’ai préparé une solution similaire à la solution B3, en doublant les quantités (150 mL d’eau du robinet + 10 comprimés de juvamine. Une fois les comprimés dissous, ajouter 50 mL de soude puis filtrer à l’aide d’un entonnoir et un filtre à café).
J’ai exposé une vue complète sous l’agrandisseur puis je l’ai plongée pendant 2 minutes dans la solution. Je n’ai pas utilisé de bain d’arret à l’acide acétique (je suspecte une réaction avec les colorants en milieu acide qui pourrait colorer les photos) mais j’ai rincé abondamment le tirage à l’eau. Puis je l’ai plongé 2 minutes dans de l’Ilford Rapid Fixer (1+9).
Voici le tirage obtenu :
Le résultat est parfait ! La solution-juvamine donne des résultats tout à fait identiques au « Neutol Plus » d’Agfa ! Aussi bien dans les basses lumières que dans les hautes lumières.
Conclusion
L’identification du rôle de chacun des constituants du « neutol plus » et quelques petits tests empiriques a donc permis de réaliser un révélateur de qualité équivalente au révélateur d’Agfa. Les « matières premières » sont des produits disponibles dans tous les supermarchés : des comprimés de vitamine C et de la soude caustique. La solution préparée est une solution d’acide d’ascorbique a environ 9 g/L et ayant un pH proche de 9.
Cependant, les tests ont été effectués avec du papier plastifié (RC), et je crains qu’avec du baryté les fibres absorbent les colorants contenus dans le Juvamine. De plus, je doute que le révélateur ne se tiennent longtemps une fois préparé, et je n’ai pas testé sa durée de vie (en terme de nombre de photos avant épuisement). De plus, la marque de comprimés choisie n’est pas idéale. Un comprimé de Juvamine ne contient que 180 mg d’acide ascorbique et contiennent une grande quantité de calcium (120 mg) qui précipite en présence de soude. Il est donc nécessaire de filtrer la solution après l’ajout de la soude. Des tests avec des comprimés contenant une plus grande quantité d’acide ascorbique par comprimé et dépourvus de calcium donneraient sûrement de meilleurs résultats. Le problème le plus important reste la présence de colorants qui risquent de colorer les papiers barytés, cependant ils n’ont aucune influence sur les papiers RC.
nicofuzz - 21/12/05. Voir la liste de tous les articles
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